RISE #3 - THE ACCLAIMED VS THE WAY

CANDICE LERAE. — I don't know what's wrong with them.

Johnny Gargano et son épouse Candice LeRae essaient encore de comprendre ce qu'il vient de se passer alors que la carte du troisième Rise vient d'être annoncée. Chacun lit son contrat, celui qui les lie à la Premier Wrestling Association, chacun cherche, entre les lignes, dans les petits caractères en bas de page, au verso de chaque feuille, tout semble plutôt clair, la PWA est en train de faire erreur. Indi Hartwell participe elle aussi aux recherches, elle relit son contrat, son contrat de mariage. Johnny Gargano et Candice LeRae se regardent avec stupéfaction, Candice LeRae est abasourdie, tellement consternée qu'elle commence à paniquer à l'idée de remonter dans le ring.

CANDICE LERAE. — Il est précisé dans le contrat de Johnny que mon implication ici se ferait hors du ring. Il est aussi précisé dans mon contrat que je ne lutterai pas. L'accord que nous avons ne pouvait pas être plus simple à comprendre. Je représente notre famille, les intérêts de mon mari et celui de mes enfants. Alors pourquoi est-ce que je suis sur cette foutue carte, dites-le moi ?

INDI HARTWELL. — Parce que tu es la meilleure, m'man.

CANDICE LERAE. — Merci ma chérie.

INDI HARTWELL. — Ils veulent revoir la légende vivante.

CANDICE LERAE. — Le fait est - soyons honnêtes - que je ne suis pas prête, pas apte à remonter sur le ring pour le moment. Je viens d'avoir votre frère. Je n'ai pas encore perdu tous mes kilos. Je n'ai pas encore assez repris l'entraînement. Je n'ai pas retrouvé mon sommeil, comme je n'ai pas retrouvé toutes mes sensations, celles me permettant d'être pleinement compétitive. Je serais plus un handicap pour votre père qu'un atout. La rencontre annoncée est une catastrophe, c'est un désastre.

INDI HARTWELL. — P'pa est plus que capable de les prendre seul m'man, tout ira bien.

JOHNNY GARGANO. — Merci ma chérie.

CANDICE LERAE. — Je ne peux de toute manière pas l'accompagner au ring pour ce match, je n'ai personne pour m'occuper de Baby Wrestling.

INDI HARTWELL. — Dex' et moi pouvons le faire.

CANDICE LERAE. — NON.

JOHNNY GARGANO. — NON.

INDI HARTWELL. — On a besoin de s'entraîner. Toute expérience est bonne à prendre puisque Dex' et moi essayons d'avoir notre premier enfant. J'ai d'ailleurs arrêté la pilule, lui a arrêté la capote.



Johnny Gargano s'étouffe, il semble avoir avaler sa salive de travers. Candice LeRae, elle, essaie de parler mais plus aucun son ne sort de sa bouche, le souffle coupé par la remarque de sa fille. Indi Hartwell rêvasse, elle s'imagine changer des couches, se lever six fois par nuit, avoir les seins qui tombent. La glace est finalement brisée lorsque Austin Theory, le fils de Johnny Gargano et Candice LeRae, entre dans la pièce, en tenue de lutte, les muscules saillants, la peau huilé, un sourire idiot vissé à ses lèvres, prêt à en découdre dans le ring.

AUSTIN THEORY. — Je suis prêt, c'est contre qui ?

Johnny Gargano reprend ses esprits, il sait qu'il doit annoncer la mauvaise nouvelle à son fils, il ne sait simplement pas comment le faire.

AUSTIN THEORY. — J'attends ce moment depuis des semaines, des mois même. La famille est à nouveau réunie. Nous avons notre premier match lundi prochain. La vie ne peut pas être plus belle. Alors dites-moi, on soulève qui ?

JOHNNY GARGANO. — Anthony Bowens et Max Caster.

AUSTIN THEORY. — C'est parfait, on va les goumer. High five me, daddy !

Austin Theory lève sa main pour fêter ça avec son père, mais Johnny Gargano ne trouve pas les mots, il se contente d'ignorer la main de son fils, pour mettre la sienne sur son épaule. C'est finalement Indi Hartwell qui brise le silence.

INDI HARTWELL. — C'est pas toi qui fera équipe avec p'pa, c'est mam'.

Austin Theory est consterné, son monde s'écroule. Il baisse la tête et semble ailleurs. Candice LeRae hausse alors le ton. Cette situation la met hors d'elle.



CANDICE LERAE. — Regarde dans quel état l'erreur de Nigel met notre fils !

JOHNNY GARGANO. — Vous avez toutes les deux raisons. Candice, tu as raison quand tu dis que Nigel a fait une erreur. Tu viens d'accoucher, tu n'es pas à 100% de tes capacités. Mon partenaire, c'est mon fils, Austin Theory. Quant à toi Indi, tu as entièrement raison lorsque tu dis que je peux me les faire seul. La semaine dernière ils ont eux du mal à affronter un soit disant super-héros, à deux contre un. Est-ce que vous pensez sincèrement qu'ils peuvent faire mieux face à Johnny Wrestling ? Je suis bien meilleur que The Hurricane, me comparer à lui, c'est comme comparer un hôtel 5 étoiles à un mobil home. S'ils ont eu du mal contre lui, imaginez le mal qu'ils auront face à l'homme qui a passé sa vie dans ce ring, qui a fait des matchs de trente minutes, une heure face à des hommes qui faisaient deux fois sa taille, deux fois son poids. La technique de leur adversaire la semaine passée était à l'ouest, pourtant ils ont mis du temps à le neutraliser, contre moi ce ne sera pas la même chanson. Tout le monde sait que je suis plus rapide, plus technique, plus agile. Si ils veulent un match loyal, ils devront me prendre à deux contre un, mais je devrais me bander les yeux et m'attacher un bras dans le dos. À ce moment-là, peut-être bien qu'ils auront une infime chance. D'ailleurs, qui connaît ces types ? Est-ce que l'une d'entre vous peut me citer leur palmarès ?

INDI HARTWELL. — Vierge, contrairement à m..

JOHNNY GARGANO. — Shut. Mais oui, c'est exactement ça. Leur palmarès est vierge, c'est le néant. Et qu'on ne me sorte pas le nom de titre remporté dans des fédérations obscures. Je parle d'un vrai palmarès, des plus grandes fédérations indépendantes et mondiales. Ils sont plus vieux que nos enfants, ils ont pratiquement le même âge que nous. Pourtant, ils ne sont personne dans notre milieu. Candice, ton nom est connu partout. Tu es une légende, tu as lutté contre les plus grands, remporté des titres aux quatre coins du globe. Austin aussi, il portait encore des couches que les plus grandes fédérations se l'arrachaient. Quant à moi .. Est-ce que c'est réellement utile de citer mes exploits ? J'ai lutté dans toutes les grandes compagnies, vaincu les plus grands. Je suis le catch. Et plus encore, ils n'ont jamais réussi à grimper les échelons, toujours coincés en bas de l'échelle pendant que notre famille, The Way obtenait les titres, les récompenses dans la fédération numéro une. Cette semaine dans ce ring, The Acclaimed seront les rookies, les débutants, alors que The Way seront les stars. N'est-ce pas fiston ?

Austin Theory est assommé par son absence dans la prochaine carte. Il essaie encore de comprendre ce qu'il a fait de mal, pourquoi il est ainsi puni par Nigel McGuinness.

AUSTIN THEORY. — I don't know what's wrong with them.

CANDICE LERAE. — Right, duh !

AUSTIN THEORY. — Je voulais simplement casser du pédé.



AUSTIN THEORY. — Qu'est-ce que j'ai fait de mal, qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi ? Je suis au top de ma forme. Je suis affûté. Je suis dans la meilleur état d'esprit possible. Je suis volontaire. Je veux participer. Je veux donner de ma personne. Je suis dans mes plus belles années. J'ai tout ce qu'il faut, là où il faut. J'ai la taille, la morphologie, la gueule, les qualités athlétiques, le talent. Qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi, qu'est-ce qui justifie le fait que eux aient le droit de combattre et pas moi ? Je le sais, ils sont noirs, mais ce sont surtout deux grosses fiottes. Il n'y en a que pour eux aujourd'hui, il n'y en a que pour la discrimination positive, pour les basanés et les tafioles. Je suis puni parce que je suis blanc, hétérosexuel et fils de bonne famille. Je suis victime de racisme ici. Je suis victime de ségrégation. Rien ne peut expliquer mon absence, rien ne peut expliquer leur présence.

CANDICE LERAE. — Une histoire de népotisme et de passe-droit, ils arrosent les copains d'abord.

JOHNNY GARGANO. — Si c'est vraiment le cas, que peut-on faire ?

CANDICE LERAE. — Rien du tout, attendre, prendre notre mal en patience, espérer de jours meilleurs, ronger notre frein, mais surtout rester unis, the only way.

INDI HARTWELL. — Je suis d'accord pour ronger le frein de...

AUSTIN THEORY. — Je dois me déguiser en fait. Je ne vais plus m'appeler Austin. Je prendrais un nom de scène, Hugo par exemple. Je mettrais ma plus belle robe, je ferais les castings pour la prochaine saison de RuPaul's Drag Race et là alors peut-être que j'aurais le droit d'affronter Max Caster, moi dans mon tanga, lui dans sa petite jupe, celle qu'il utilisait pour jouer la sœur de Bobby Lashley.

JOHNNY GARGANO. — Who the hell is that Max Caster ?



INDI HARTWELL. — C'est simple. Pour te résumer la situation, la carrière de Max Caster se résume en deux point. Le premier est comme l'a dit Austin, son plus grand moment télévisé : quand il a joué le rôle de la sœur de Bobby Lashley. Et son second et dernier grand moment c'est quand il s'est fait suspendre de sa compagnie pour un rap.

AUSTIN THEORY. — Même le gros Kevin Owens rap mieux que lui.

INDI HARTWELL. — Son rap a fait le buzz car il insinuait que Julia Hart avait une mauvaise hygiène intime.

AUSTIN THEORY. — C'est des conneries, je l'ai baisé. Elle était propre.

INDI HARTWELL. — Et il s'est moqué de la sportive Simone Biles parce qu'elle a arrêtée sa carrière pour sauver sa santé mentale.

AUSTIN THEORY. — Je l'ai baisé aussi.

JOHNNY GARGANO. — C'est bien ça le problème des rappeurs dans notre milieu. À l'époque, ceux qui voulaient faire comme eux avaient le choix entre deux chemins. Le premier, celui qu'a réussi à prendre John Cena, devenir incontournable. La seconde voie, celle de R-Truth, devenir un clown. Eux ont réussi l'exploit de faire un mixte des deux. Ils sont devenus incontournables dans le fait de passer pour des clowns. Visiblement leurs textes n'ont aucune pertinence. Ils se contentent d'insulter gratuitement sans expliquer pourquoi. Sauf qu'on aura beau nous clasher, rien ne changera la réalité des faits. The Way domine en long, en large et en travers ces deux clowns dans un ring. Eux font le buzz en dehors du ring, nous ont le fait à l'intérieur. Nous allons tous marquer cette compagnie, pendant qu'eux iront clasher des bimbos et des crétins comme eux dans une télé réalité. Au moins là-bas leur buzz aura de l’intérêt, mais il n'en a aucun dans la maison de Johnny Gargano et sa famille.

AUSTIN THEORY. — J'ai la haine. Je vais devoir rester ringside et regarder le pote de Caster faire les ciseaux avec ses doigts, car il est bon qu'à ça. Tu sais faire les ciseaux toi, Indi ?

INDI HARTWELL. — Euh non, j'ai jamais essayé.

Indi Hartwell réfléchit avant de se mettre à sourire. Elle court vers la porte, l'ouvre et se met à hurler.

INDI HARTWELL. — Dexter scissors me !

JOHNNY GARGANO. — Non Indi, reviens !

CANDICE LERAE. — Indi !

Johnny Gargano et Candice LeRae se mettent à courir derrière leur fille pour la rattraper. Pendant ce temps-là, Austin Theory s'assoit sur le canapé, triste. Triste de ne pas pouvoir participer à ce combat auquel il aurait aimé lutter aux côtés de son père.